Prédation

Ne rien attendre du contrôle et du pouvoir ;
Feindre et prétendre, auprès de ceux qui les exercent.
Face au vide de leurs vies, leur seul défense : façonner une fausse tour d’ivoire ;
Tout ce qui est déclamé n’engage en rien la teneur d’une quelconque promesse.

Ces enfants, aveugles et sourds à leur propre réflexion brisée,
Savent souvent user de leurs charmes pour épuiser les autres à leur avantage.
Le chantage d’un chasseur chantant faux mais sachant caresser sa proie.

De l’idylle libertaire à la puérilité liberticide,
De l’enfer et du paradis de l’esclavagiste,
Dont la plus intime vocation est la destruction,
L’exfoliation du Moi de l’hôte, de tout ce que lui n’est pas.
Qu’il ose vous assujettir, seulement si vous lui ouvrez les bras.

Le fou ne reconnaît jamais la droiture.
Simple faiblesse à exploiter et à moquer,
Pour penser exister sans panser sa propre entité.
Dans le jeu, il ne peut que singer son imposture
Jusqu’à briser l’autre ou l’image qu’il paraît.
Le fou ne sait pas qu’il est laid,
Il ne peut que rejeter la faute,
Sur l’autre.
Lui exclamer incessamment sa folie sans jamais
Pouvoir sonder l’état miséreux de son propre état.

Alors à qui la faute ?
À qui la fuite ?
Est-ce la mienne ?
Ou est-ce la vôtre ?
Ou est-ce peut-être celle de la mère
Qui depuis l’enfance contrôle telle une vipère ?

L’enfant, déchu de son droit à la vie,
Réitère la seule vision qu’on lui a jamais servi.
Chaque année passée renforce son masque ;
De sa prédation, les premières traces sont ses immenses frasques.

Puis, vient l’absurdité continue de ses mots et de ses actions,
Lui, qui ne peut envoyer ses maux que par des projections.
Incapable de construire, il ne peut que détruire.
C’est qu’au fond il sait ce qu’il est,
Mais aussi ce qu’il n’aura et ne sera jamais.

Chaque nouvelle expérience le renforce dans son jeu,
Abîmant irrémédiablement son humanité, embrasant son je.

Il est si chancelant, c’est atroce,
Alors qu’il semble pourtant si précoce.

Dernière illusion, en vérité,
Pour celui qui possède encore une once de pitié.

L’être qui est, une fois venue la pleine compréhension,
Ne lui demandera plus jamais pardon.
Il ne peut s’avancer que sur un seul trajet :
Celui du rejet, afin d’embrasser tout ce qui est.