Sabotage

Elle se perdait dans des hypothèses, prothèses pour son cœur ;
Se projetait, sans cesse, sans plus pouvoir vivre l’instant présent.
Submergée par une active peur, elle se noya en une fictive rancœur,
Se sabotant sciemment car elle n’osait pas s’aimer suffisamment.

Il faut la comprendre : ses émotions résidaient là, trop intenses ;
Retournée, son ressenti la dévoyait dans une marée d’expectances.
Lui a tellement imaginé qu’il s’est infiniment prédestiné au silence.
Qui est l’élève et qui est le maître, en cette certaine concomitance ?

Esseulée au sein d’une contrée éloignée,
Prête à commettre une infamie infantile,
Il lui sembla plus simple d’y jeter la clé,
Favorisant l’échappée vers un exil qui la mutile,
Sans clairement, pour autant, se conforter,
Cherchant à se persuader de son caractère agile.

Fuyant sans fin ces situations cérébralement trop angoissantes,
La frustration ne put la mener qu’à une seule action : l’abandon.
L’issue, à l’allure abasourdissante, n’en restait pas moins courante.
Sa puissante pulsion la poussa ainsi à une factice répulsion.

Mais est-ce ici se désister et négliger autrui,
Ou est-ce promptement rompre avec soi-même ?