Sourire perdu

Le sourire naïf de l’enfant qui s’étend m’éprend ;
Vague souvenir d’un avenir endormi qui s’étire et s’éteint.
Ce cœur prit au dépourvu qui a honte, qui comte ;
Des mois, des années à passer ; il ne reste qu’à faire le ponte
Pour caresser l’espoir illusoire, avant d’enfin choir.
Pourquoi ne pas tenter de raviver le feu, s’il s’émeut ?
Autant jouer franc-jeu, céder aux aveux, s’engager sans adieu.
Qui a su planter et supplanter ce magistère amer ?

Doit-on guider cet innocent au-dessus de la route morte ?
Doit-on créer l’évidence de l’existence que je rapporte ?
Sanguinaire réalité que l’encre ne peut suffisamment noircir.
Dans mon imaginaire, je l’ai cru pâlir à la seule esquisse du vice,
Alors qu’il riait avec désir, détaché de la société qui sommeille
Dicte la mise en scène et lance sa haine.

Photo © Helen Whittle